Regard catholique : l’illusion de l’immortalité

Chers frères et sœurs en Christ,

Pour démontrer que l’époque actuelle a fait oublier à l’homme la réalité de son corps et ses limitations physiques, et pour souligner les dangers des mythes de l’immortalité, on peut se référer à l’ouvrage « The Abolition of Man » de C.S. Lewis (1943). Bien que Lewis soit plus connu pour son anglicanisme, ses réflexions dans cet ouvrage ont été largement adoptées et discutées par les penseurs catholiques pour leur pertinence en matière de critique culturelle et morale.

La réalité du corps et ses limitations

C.S. Lewis met en garde contre une approche moderne de la science et de la technologie qui cherche à « conquérir » la nature, y compris la nature humaine. Il affirme que cette conquête pourrait nous amener à perdre de vue notre humanité fondamentale. En essayant de dépasser les limites physiques inhérentes à notre condition corporelle, nous risquons de dénaturer ce qui fait de nous des êtres humains. Par exemple, les avancées en biotechnologie et en médecine régénérative, bien que prometteuses, peuvent induire une illusion de surmonter les limites naturelles, oubliant ainsi que la mortalité est une part essentielle de la condition humaine.

Les mythes de l’immortalité

Lewis critique l’idéologie transhumaniste qui promet une immortalité physique par la technologie. Cette quête est souvent motivée par une forme moderne de gnosticisme, une hérésie dénoncée par l’Église catholique. Le gnosticisme postule une séparation entre le corps et l’esprit, où le corps est vu comme une prison à transcender. Cette perspective est en contradiction avec la vision chrétienne de l’homme comme une unité corps-esprit, créée à l’image de Dieu et appelée à la résurrection des corps.

Les risques pour l’Humanité

Il existe plusieurs dangers à vouloir poursuivre de telles illusions. D’une part, ils peuvent conduire à des inégalités sociales accrues, où seuls les riches pourraient accéder aux technologies de prolongation de la vie, créant une nouvelle forme d’élitisme biologique. D’autre part, ils risquent de déstabiliser les structures sociales et éthiques, en changeant radicalement notre compréhension de la vie et de la mort.

Les travaux de Lewis avertissent que cette quête d’immortalité pourrait mener à des conflits majeurs. Si certains groupes ou nations cherchent à obtenir ces technologies pour eux-mêmes, cela pourrait déclencher des guerres pour le contrôle de ces ressources. L’histoire nous montre déjà comment les rivalités pour les ressources naturelles ont causé des conflits ; il est plausible que la même dynamique s’applique à la quête d’une vie prolongée.

Exemple concret : le clonage et la manipulation génétique

Un exemple concret est le débat sur le clonage humain et la manipulation génétique. L’Église catholique a fermement condamné ces pratiques, les considérant comme une atteinte à la dignité humaine et une tentative dangereuse de jouer à Dieu. Les essais de clonage humain pourraient mener à des situations où des individus sont créés avec des fins utilitaristes, dépourvus de reconnaissance de leur valeur intrinsèque en tant qu’êtres humains.

Conclusion

Les réflexions de C.S. Lewis dans « The Abolition of Man » offrent un cadre pour comprendre comment les idéologies modernes surmontent les réalités corporelles et les dangers potentiels de cette trajectoire. En suivant ces illusions de l’immortalité, l’humanité risque de s’engager dans un chemin de destruction morale et sociale, et éventuellement, de conflits dévastateurs. Ces idées sont en désaccord avec les enseignements de l’Église catholique qui appellent à une reconnaissance humble des limites humaines et au respect de la dignité de chaque vie humaine.

Benedicat vos Deus, etiam propinquos vestros, et custodiat vos in suo aeterno amore, Amen.

Stéphane

24 juin 2024

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Regard catholique : autosuffisance agricole en temps de crise politique

Chers frères et sœurs en Christ,

L’autosuffisance alimentaire est un pilier crucial pour la résilience d’une population face aux crises. Posséder des terres agricoles où l’on peut cultiver des céréales, des fruits et des légumes, et élever des animaux, offre une sécurité incomparable par rapport à la dépendance vis-à-vis des moyennes et grandes surfaces. Cette indépendance est particulièrement cruciale en temps de conflits civils, où les perturbations des transports peuvent entraîner des famines et des épidémies.

Saint Thomas d’Aquin, dans son ouvrage « La Somme Théologique », soutient l’idée que les biens de ce monde doivent être utilisés pour le bien commun. Il écrit : « Tous les biens temporels doivent être ordonnés à fournir aux hommes ce qui leur est nécessaire pour subsister » (IIa-IIae, Q. 66, art. 2). Ainsi, la possession de terres agricoles par les individus répond directement à ce principe en assurant la subsistance de chacun, indépendamment des aléas extérieurs.

En outre, saint Thomas d’Aquin souligne l’importance de la prudence, une des vertus cardinales, qui implique de prévoir les besoins futurs et de s’assurer contre les risques (IIa-IIae, Q. 49, art. 1). Cultiver ses propres terres et élever des animaux est un acte prudent, car il permet de sécuriser les ressources alimentaires à long terme. Cette auto-préservation est d’autant plus pertinente dans les contextes de crise, où les chaînes d’approvisionnement peuvent être sévèrement perturbées.

Des exemples concrets de l’importance de l’autosuffisance agricole peuvent être trouvés à travers l’histoire. Par exemple, lors de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses populations en Europe ont dû recourir à des jardins de subsistance pour pallier les pénuries alimentaires causées par les destructions et les perturbations des transports. Ceux qui avaient accès à des terres agricoles ont pu mieux résister aux privations que ceux dépendants des commerces pour leur approvisionnement.

En cas de conflit civil, les transports deviennent souvent des cibles stratégiques. Les routes peuvent être bloquées, les infrastructures détruites, et les livraisons de biens essentiels interrompues. Une population qui dépend des supermarchés et des épiceries pour son alimentation se trouve alors extrêmement vulnérable. Les rayons des magasins se vident rapidement, et l’absence de ravitaillement peut conduire à des situations de famine. De plus, la pénurie alimentaire peut aggraver les conditions sanitaires, entraînant des épidémies dues à la malnutrition et à la mauvaise hygiène.

En revanche, ceux qui possèdent des terres agricoles peuvent continuer à produire leur propre nourriture, indépendamment des disruptions externes. Ils peuvent échanger des produits frais avec leurs voisins, renforçant ainsi la solidarité communautaire et la résilience collective. La capacité de produire localement des céréales, des fruits, des légumes et de la viande constitue un rempart contre les crises, assurant une sécurité alimentaire durable.

Pour conclure, inspirés par les enseignements de saint Thomas d’Aquin, il est clair que la possession de terres agricoles par la population est non seulement préférable mais essentielle pour garantir la subsistance et la sécurité en période de conflit civil. L’autosuffisance alimentaire, enracinée dans la prudence et le bien commun, protège contre les aléas des perturbations des transports et des crises économiques, offrant une résilience durable face aux défis imprévisibles.

Benedicat vos Deus, etiam propinquos vestros, et custodiat vos in suo aeterno amore, Amen.

Stéphane

19 juin 2024

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Regard catholique : la Paix du Christ contre la division politique

Chers frères et sœurs en Christ,

Introduction

L’idée m’est venue de créer une série d’articles courts de grande qualité intitulés « regard catholique » dans lesquels nous observerons l’actualité à travers le prisme de la foi catholique traditionaliste. Deux France cohabitent sur la même terre dans des époques différentes : la France de saint Louis et celle des Jacobins. Ces deux France s’affrontent d’un point de vue spirituel et idéologique.

La Paix du Christ contre la division politique

Dans une époque marquée par des crises politiques et des divisions profondes, les catholiques sont souvent tentés de s’engager dans les luttes de pouvoir terrestres pour tenter d’influencer les destinées de leurs nations. Cependant, il est crucial de reconnaître que les crises politiques sont généralement orchestrées par une élite qui ne cherche pas la gloire de Dieu, mais plutôt ses propres intérêts. En tant que catholiques, notre engagement doit se concentrer non sur ces querelles terrestres, mais sur la promotion de la paix divine et la conversion des âmes au Christ.

Une crise gérée par une caste politique

La gestion des crises politiques est souvent entre les mains d’une élite politique, une « caste » qui, pour la plupart, ne considère pas les enseignements divins dans ses décisions. Cette caste politique poursuit des objectifs temporels et souvent égoïstes, qui sont la plupart du temps en contradiction directe avec les valeurs chrétiennes de paix, de justice et de charité. Les querelles de pouvoir, les luttes d’influence et les manipulations sont monnaie courante dans ce milieu, ce qui éloigne encore plus la gestion de la politique des principes divins.

Saint Augustin, dans son ouvrage « La Cité de Dieu », oppose deux cités : la Cité de Dieu, fondée sur l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, et la Cité terrestre, fondée sur l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu. Les crises politiques appartiennent clairement à cette Cité terrestre. Saint Augustin écrit : « Deux amours ont donc fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a fait la cité terrestre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a fait la cité céleste » (« La Cité de Dieu », Livre XIV, chapitre 28). Les catholiques, citoyens de la Cité de Dieu, doivent orienter leurs efforts vers la construction d’une société basée sur l’amour divin et non sur les intérêts temporels et éphémères des hommes.

L’appel à la Paix et à la conversion

Les catholiques sont appelés à être des artisans de paix. Dans « La Somme Théologique », saint Thomas d’Aquin nous rappelle que la paix véritable est le fruit de la charité et de l’ordre divin. Il écrit : « La paix est le travail de la justice et le fruit de la charité » (IIa-IIae, Q. 29, art. 3). La paix du Christ n’est pas simplement l’absence de conflit, mais une harmonie profonde ancrée dans la justice et l’amour de Dieu.

Pour les catholiques, promouvoir la paix signifie inciter les autres à se convertir au Christ. La conversion à la foi chrétienne est la voie vers une paix durable, car elle repose sur les valeurs de l’amour, du pardon et de la charité. Saint Paul, dans sa lettre aux Colossiens, dit : « Et par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection » (Colossiens 3:14). L’amour chrétien est un lien puissant qui unit les individus et les communautés, les rendant résistants aux divisions et aux conflits.

L’unité en Christ contre la division

Une foule unie autour du Christ devient un corps indivisible, une communauté où la charité règne en maître. Cette unité est essentielle pour maintenir la cohésion et la stabilité d’une société. En contraste, une population divisée et déchristianisée est vulnérable aux conflits internes, à la famine et à la mort. L’histoire regorge d’exemples de sociétés qui, en se détournant de la foi et en se laissant entraîner par les divisions politiques, ont sombré dans le chaos et la destruction.

La Révolution française est un exemple marquant de cette réalité. Cette période a été caractérisée par une large déchristianisation et une division intense au sein de la population. La suppression de la religion et la persécution de l’Église ont conduit à des conflits internes violents, à la famine et à la terreur. Les populations qui avaient perdu leurs repères spirituels se sont déchirées, entraînant des souffrances indicibles et de grandes pertes humaines.

En revanche, les communautés chrétiennes qui sont restées fidèles à leurs croyances ont souvent démontré une résilience remarquable face aux adversités. La solidarité, la charité et la foi ont permis à ces communautés de surmonter les crises, de maintenir la paix et la cohésion sociale. Ces exemples historiques montrent clairement que la foi en Christ est un facteur de stabilité et de paix durable.

1. Les premiers chrétiens de l’Empire romain

Les premiers chrétiens de l’Empire romain sont un exemple éclatant de résilience. Vivant sous une persécution constante, ces communautés ont trouvé la force de persévérer dans leur foi et de se développer malgré les dangers. L’Église primitive, décrite dans les Actes des Apôtres, montre comment les premières communautés chrétiennes se soutenaient mutuellement. Elles partageaient leurs biens et se réunissaient régulièrement pour prier, ce qui renforçait leur cohésion et leur foi collective (Actes 2:42-47).

Saint Ignace d’Antioche, dans ses lettres aux différentes communautés chrétiennes, exhorte les fidèles à rester unis et fermes dans la foi, même face à la persécution. Ses écrits sont une source de courage et d’inspiration, démontrant comment la foi chrétienne peut fortifier une communauté en temps de crise.

2. Les chrétiens Sous l’Empire ottoman

Un autre exemple significatif est celui des chrétiens vivant sous l’Empire ottoman. Malgré les restrictions et les persécutions, ces communautés ont réussi à préserver leur foi et leurs traditions. Les Melkites, les Arméniens et les Grecs orthodoxes ont tous trouvé des moyens de maintenir leur identité chrétienne face à un environnement souvent hostile.

Les Melkites, en particulier, ont montré une capacité remarquable à s’adapter tout en restant fidèles à leurs croyances. Selon le Père Robert Taft dans « The Liturgy of the Hours in East and West », les Melkites ont utilisé leur liturgie comme un moyen de préserver et de renforcer leur identité. En maintenant leurs pratiques religieuses et en se rassemblant régulièrement pour les célébrer, ils ont pu conserver leur foi et leur culture malgré les pressions extérieures.

3. Les chrétiens de Nagasaki

Le Japon du XVIIe siècle offre un autre exemple poignant de résilience chrétienne. Après l’instauration de l’interdiction du christianisme et la fermeture du pays aux étrangers, les chrétiens japonais ont dû pratiquer leur foi en secret. Ces « Kakure Kirishitan » (chrétiens cachés) ont développé des moyens ingénieux pour maintenir leur foi sans prêtre ni sacrements réguliers. Ils ont transmis des prières et des enseignements de génération en génération, souvent déguisés sous des formes acceptables par la société japonaise.

Ces communautés secrètes ont survécu pendant plus de deux siècles, jusqu’à l’ouverture du Japon à l’Occident au XIXe siècle. Leur histoire est un témoignage puissant de la résilience et de la foi inébranlable des chrétiens en des temps de persécution intense. L’écrivain Shusaku Endo, dans son roman « Silence », illustre les défis et la détermination de ces croyants cachés, offrant une perspective émotive sur leur lutte pour la survie spirituelle.

4. Les catholiques en Europe de l’Est sous le régime communiste

Au XXe siècle, les catholiques d’Europe de l’Est ont montré une résilience incroyable sous les régimes communistes. En Pologne, en particulier, l’Église catholique a joué un rôle central dans la résistance contre le régime communiste. Le pape Jean-Paul II, lui-même Polonais, a été une figure emblématique de cette résistance. Son élection en 1978 a ravivé l’espoir et renforcé la foi des catholiques polonais.

Les écrits de Karol Wojtyła (le futur Jean-Paul II), tels que « Amour et Responsabilité » ainsi que « Personne et Acte », ont inspiré de nombreux Polonais à voir la dignité humaine et la liberté comme des valeurs chrétiennes fondamentales. La résistance spirituelle, incarnée par les messes clandestines, les prières en public et les grèves organisées par Solidarność, a démontré comment une communauté enracinée dans la foi peut surmonter l’oppression politique.

5. Les chrétiens du Moyen-Orient

Aujourd’hui, les chrétiens du Moyen-Orient continuent de montrer une résilience remarquable face à des défis immenses. Les chrétiens de Syrie, d’Irak et d’autres régions touchées par les conflits et les persécutions restent attachés à leur foi malgré les menaces constantes. Les communautés assyriennes, chaldéennes et syriaques, par exemple, ont maintenu leurs traditions et leurs églises malgré des siècles de persécutions.

Le pape François, dans ses nombreuses allocutions et prières pour les chrétiens persécutés, souligne l’importance de la solidarité et du soutien international pour ces communautés. Dans son exhortation apostolique « Evangelii Gaudium », il appelle à une attention particulière pour les chrétiens persécutés et insiste sur le rôle de l’Église universelle dans le soutien de ces frères et sœurs dans la foi.

Les Apôtres des derniers temps

En tant qu’apôtres des derniers temps, les catholiques ont une mission particulière. Ils doivent appeler à la paix du Christ et non à la guerre voulue par une caste d’individus. Le pape Jean-Paul II, dans son encyclique « Centesimus Annus », souligne l’importance de la paix et du rôle des chrétiens dans la promotion de cette paix : « L’Église n’a pas de solutions techniques à offrir pour le problème du sous-développement en tant que tel, mais elle propose des points de vue qui peuvent orienter les actions humaines vers des solutions véritablement humaines. »

Cet enseignement rappelle que la mission des catholiques n’est pas de se perdre dans les querelles politiques, mais de témoigner de l’amour du Christ et de promouvoir une paix véritable. Cette paix, enracinée dans la justice et la charité, est la seule qui puisse vraiment transformer les sociétés et apporter une harmonie durable.

Conclusion

Dans un monde en proie à des crises politiques et des divisions profondes, les catholiques doivent se rappeler que leur véritable engagement se trouve dans la promotion de la paix divine et la conversion des âmes au Christ. Les querelles politiques, souvent orchestrées par une caste sans lien avec Dieu, ne doivent pas détourner les catholiques de leur mission spirituelle. En appelant à la paix du Christ et en incitant la foule à se convertir, les catholiques peuvent contribuer à une véritable transformation sociale, basée sur l’amour et la charité.

Les enseignements de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, ainsi que les exemples historiques, montrent clairement que la foi en Christ est un facteur de paix et de stabilité. Une foule unie autour du Christ devient un corps indivisible, capable de résister aux divisions et aux conflits. En tant qu’apôtres des derniers temps, nous devons rappeler au monde que la véritable paix ne peut être trouvée que dans l’amour et la miséricorde du Christ. Par notre témoignage et notre engagement spirituel, nous pouvons contribuer à construire une société plus juste et harmonieuse, où la paix du Christ règne en maître.

Benedicat vos Deus, etiam propinquos vestros, et custodiat vos in suo aeterno amore, Amen.

Stéphane

13 juin 2024

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Regard catholique : les conséquences d’une possible cohabitation RN / Renaissance

Chers frères et sœurs en Christ,

La dissolution de l’Assemblée nationale annoncée le 9 juin 2024 par le président Emmanuel Macron a ouvert une période de grande incertitude politique en France. Cette décision, prise à un moment de turbulences économiques et sociales, pourrait entraîner une recomposition majeure du paysage politique français, potentiellement aboutissant à la formation d’une coalition de droite nationale. Analysons les points de convergence et de divergence entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella, ainsi que les implications d’une telle coalition pour la France, notamment en ce qui concerne les relations avec la Russie et le risque de troubles civils.

Points de convergence et de divergence

1. Sécurité et immigration

Emmanuel Macron : le président Macron, dans sa recherche d’un équilibre entre fermeté et obéissance à l’Europe, a adopté une série de mesures visant à renforcer les frontières françaises et à lutter contre l’immigration illégale. Il a durci la législation tout en tentant de maintenir les valeurs humanistes de la République.

Jordan Bardella : leader du Rassemblement National (RN), Bardella prône une approche plus rigoureuse, visant à stopper presque totalement l’immigration, qu’il considère comme une menace pour l’identité nationale et la sécurité publique. Bardella insiste sur des contrôles aux frontières renforcés et des politiques de rapatriement intensifiées.

2. Économie et entrepreneuriat

Emmanuel Macron : Macron, fidèle à ses racines libérales, a mis en œuvre des réformes pour stimuler l’économie française. Sa politique favorise la flexibilité du marché du travail, la réduction des charges fiscales pour les entreprises et l’innovation technologique.

Jordan Bardella : Bardella partage une certaine vision économique avec Macron, notamment le soutien aux entreprises françaises et la réduction des charges fiscales. Cependant, Bardella met l’accent sur le protectionnisme économique pour protéger les industries nationales des influences étrangères et des délocalisations.

3. Souveraineté nationale

Emmanuel Macron : Macron prône une souveraineté européenne renforcée tout en maintenant l’autonomie stratégique de la France. Il soutient l’idée d’une défense européenne et d’une plus grande intégration économique au sein de l’UE.

Jordan Bardella : Bardella, en revanche, se montre sceptique vis-à-vis de l’Union européenne, prônant une révision des traités pour redonner plus de pouvoir aux États-nations. Le RN défend une souveraineté nationale absolue et se méfie des instances supranationales.

Formation potentielle d’une coalition de droite nationale

La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 ouvre la porte à des recompositions politiques inédites. Si les élections européennes devaient renforcer la position des partis de droite nationale, une coalition entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella pourrait se profiler. Cette coalition pourrait s’articuler autour de leurs convergences en matière de sécurité, d’économie et de souveraineté, malgré leurs divergences sur la question européenne et les politiques sociales.

Hypothèse d’un conflit contre la Russie

Raisons politiques favorables

1. Consolidation du pouvoir : une posture ferme contre la Russie pourrait permettre à la coalition de rallier les électeurs autour d’un ennemi commun, consolidant ainsi leur pouvoir. Cela renforcerait également la position de la France en tant que leader au sein de l’OTAN et de l’Union européenne.

2. Diversion des problèmes internes : face aux troubles économiques et sociaux, une mobilisation militaire contre la Russie pourrait servir de diversion, unissant temporairement la nation derrière un effort de guerre et détournant l’attention des difficultés domestiques.

3. Renforcement des alliances : en prenant une position active contre la Russie, la France pourrait renforcer ses alliances avec les États-Unis et d’autres pays de l’OTAN, consolidant ainsi sa position géopolitique.

Raisons politiques défavorables

1. Tradition du RN : historiquement, le RN a montré des positions favorables au dialogue avec la Russie et une opposition aux sanctions économiques et militaires contre Moscou. Une posture belliciste pourrait diviser les électeurs du RN et créer des frictions internes.

2. Conséquences économiques : Une mobilisation militaire contre la Russie pourrait avoir des conséquences économiques désastreuses, notamment en termes de dépendance énergétique et de relations commerciales. Cela pourrait aggraver les tensions internes et saper la popularité de la coalition.

3. Justification morale : Selon les principes éthiques catholiques, une guerre doit être justifiée moralement. Une agression contre la Russie pourrait manquer de cette justification morale, exacerbant les conflits et contredisant les enseignements de la justice sociale et de la paix.

Risques et implications : troubles civils

L’envoi de troupes françaises en mission à l’étranger, particulièrement contre la Russie, pourrait provoquer des troubles civils significatifs. La polarisation de la société française, exacerbée par des mesures perçues comme bellicistes, pourrait entraîner des manifestations et des confrontations violentes, menaçant ainsi la stabilité interne.

Perception des médias vis-à-vis du Rassemblement National

Depuis sa création, le Rassemblement National (RN), anciennement Front National (FN), a toujours été une source de controverse et d’attention particulière dans les médias français. Les perceptions médiatiques du RN oscillent entre la stigmatisation pour ses positions jugées extrémistes et une reconnaissance croissante de son influence politique.

1. Stigmatisation et critique : Les grands médias traditionnels ont souvent critiqué le RN pour ses positions radicales sur l’immigration, la sécurité, et l’Europe. Les accusations de xénophobie, d’islamophobie et de nationalisme exacerbé sont fréquentes, avec un focus sur les propos controversés de certains de ses membres. Cette stigmatisation vise à marginaliser le parti et à rappeler ses liens historiques avec l’extrême droite.

2. Reconnaissance de l’influence : toutefois, avec la montée en puissance du RN et son succès électoral croissant, certains médias ont commencé à accorder plus de crédit à sa capacité à représenter une part importante de l’électorat français. Des analyses plus nuancées émergent, reconnaissant la transformation du RN sous la direction de Marine Le Pen et, plus récemment, de Jordan Bardella. Les médias admettent désormais que le RN ne peut être ignoré dans le paysage politique français.

Implications médiatiques d’une coalition Macron-Bardella

La formation hypothétique d’une coalition entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, provoquerait une onde de choc médiatique considérable. Cette alliance inattendue entre un centriste pro-européen et un nationaliste sceptique vis-à-vis de l’Europe serait scrutée avec une intensité sans précédent.

1. Surprise et controverse : Une telle coalition surprendrait non seulement les électeurs mais aussi les observateurs politiques et les journalistes. Les médias se précipiteraient pour analyser les motivations derrière cette alliance, cherchant à comprendre comment Macron et Bardella justifieraient ce partenariat devant leurs électeurs respectifs. Les débats télévisés et les articles d’opinion abonderaient, alimentant une controverse nationale sur la légitimité et la cohérence de cette coalition.

2. Focus sur les concessions et les conflits : Les journalistes mettraient en lumière les concessions mutuelles nécessaires pour maintenir cette coalition. Les tensions potentielles sur des sujets tels que l’immigration, l’Europe et la politique sociale seraient examinées minutieusement. Les médias chercheraient à identifier les points de friction et à prédire les possibles ruptures au sein de cette alliance.

3. Réaction de l’opposition : La formation de cette coalition renforcerait probablement la position critique de La France Insoumise (LFI). Les médias amplifieraient les voix de l’opposition, notamment celle de Jean-Luc Mélenchon et de ses alliés, qui dénonceraient cette alliance comme une trahison des idéaux progressistes de Macron et une normalisation des idées du RN. Les médias sociaux deviendraient un champ de bataille, avec des campagnes de hashtags et de contre-discours mobilisant les partisans des deux camps.

Durcissement de la position de LFI et risques de troubles civils

La réaction de La France Insoumise serait cruciale dans ce contexte. La coalition Macron-Bardella pourrait entraîner un durcissement significatif de la position de LFI, exacerbant les tensions politiques et sociales en France.

1. Discours radicalisé : LFI adopterait probablement un discours plus radical pour s’opposer à cette coalition. Jean-Luc Mélenchon, connu pour son talent oratoire et sa capacité à mobiliser les masses, utiliserait cette opportunité pour dénoncer ce qu’il percevrait comme une dérive autoritaire et une trahison des valeurs républicaines. Les appels à la résistance civile et à la mobilisation des rues deviendraient plus fréquents.

2. Mobilisation des manifestants : LFI pourrait organiser des manifestations de grande ampleur, attirant non seulement ses partisans traditionnels mais aussi des citoyens inquiets de la direction politique du pays. Ces manifestations pourraient dégénérer en troubles civils, surtout si des éléments plus radicaux s’infiltraient dans les rangs des protestataires.

3. Rôle des médias dans les troubles civils : Les médias, en relayant les appels à la mobilisation et en couvrant les manifestations, joueraient un rôle crucial dans l’amplification des tensions. Les images de confrontations entre manifestants et forces de l’ordre, diffusées en boucle, pourraient radicaliser davantage les positions des citoyens et intensifier les troubles civils.

Réflexions théologiques pertinentes

1. Jacques Maritain – « Christianisme et Démocratie »

Maritain souligne l’importance de la dignité humaine et des valeurs démocratiques. Une politique privilégiant la guerre et la répression interne pourrait contredire ces principes fondamentaux, menant à une érosion des valeurs démocratiques et de la dignité humaine.

2. Henri de Lubac – « Catholicisme : les aspects sociaux du dogme »

De Lubac insiste sur la dimension communautaire et solidaire de la société. La guerre et la division interne sapent cette solidarité, fragilisant l’unité sociale et contredisant les principes de fraternité et de bien commun.

3. Pape Jean XXIII – « Pacem in Terris »

L’encyclique « Pacem in Terris » appelle à la paix mondiale et au désarmement. Une mobilisation militaire contre la Russie serait contraire à cet appel à la paix et pourrait entraîner des conséquences dévastatrices, exacerbant les tensions internationales.

4. Saint Thomas d’Aquin – « Somme théologique »

Saint Thomas d’Aquin discute de la justice et de la guerre juste. Une guerre doit être moralement justifiée, et une agression contre la Russie pourrait manquer de cette justification, exacerbant les conflits et contrevenant aux principes de justice et de charité.

Conclusion

La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 par Emmanuel Macron ouvre la voie à une recomposition politique majeure, potentiellement aboutissant à une coalition de droite nationale avec Jordan Bardella. Bien que cette coalition puisse offrir pour son électorat une certaine stabilité et un front uni sur certaines questions, elle comporte des risques significatifs. La possibilité d’une mobilisation militaire contre la Russie, bien que politiquement justifiable pour certains, est lourde de conséquences et pourrait aggraver les troubles civils en France, mettant à l’épreuve les valeurs de justice sociale et de solidarité défendues par la pensée catholique. Une telle décision nécessiterait une réflexion approfondie et un équilibre délicat entre les intérêts nationaux et les impératifs moraux. Le compromis politique ne doit pas sacrifier la justice sociale et la dignité humaine. Ignorer ces principes pourrait conduire à la division et à la destruction, semblable à celle de Jérusalem en 70 de notre ère. Seule une politique ancrée dans ces valeurs catholiques peut éviter les troubles civils et assurer la cohésion et la prospérité de la nation.

Dans ce contexte tumultueux, il est impératif de rappeler les enseignements de Jésus-Christ et les lois de la charité et de la justice qu’Il prône. Comme le souligne Thomas d’Aquin dans la « Somme Théologique », toute action politique doit être guidée par la vertu et la recherche du bien commun. Jésus-Christ nous enseigne à aimer notre prochain comme nous-mêmes et à rechercher la paix et la justice. En tant que catholique, nous avons le devoir d’observer les commandements et de ne pas céder aux tentations mondialistes qui pourraient nous entraîner personnellement et collectivement dans une guerre sans précédent.

Benedicat vos Deus, etiam propinquos vestros, et custodiat vos in suo aeterno amore, Amen.

Stéphane

10 juin 2024

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