Les alpinistes, un conte chrétien pour tous

« Nous étions en 2029. Les enfants chahutaient joyeusement en attendant leur professeur. Les rires résonnaient dans la vieille classe qui sentait bon le bois peint. Un magnifique crucifix était placé juste au-dessus du grand tableau noir. La joie rayonnait parmi les jeunes élèves, c’est comme si Jésus-Christ était parmi eux. Soudainement, on entendit la démarche tranquille du père Éric. Ses pas retentissaient dans le long couloir. Son souffle haletant se rapprochait de plus en plus. Enfin, sa main se posa sur la poignée de la porte vieillie. Sa grande silhouette apparut dans la classe masculine. Il avait le visage un peu rond, les yeux clairs, les cheveux roux. C’était un Normand, on le voyait à ses larges mains.

Il lança un grand sourire aux enfants chamailleurs et dit :
« Bonjour les enfants ! »
Les enfants se levèrent en chœur pour rendre hommage à sa noble fonction, avant de répondre dans un même souffle :
« Bonjour père Éric ! »
Un large sourire illumina le visage du père Éric : il aimait profondément ces enfants.
« Asseyez-vous les enfants. Avant de commencer, je vais vous raconter une belle histoire comme tous les matins. Aujourd’hui, le conte s’intitule les alpinistes. Qui peut me dire ce qu’est un alpiniste ? »
Un garçon leva le doigt.
« Denis, à toi, dit le père Éric.
– C’est un monsieur qui grimpe le long des montagnes.
– Oui, mais encore. »
Un autre élève tendit la main.
« Patrice, nous t’écoutons, lança le père Éric.
– C’est un montagnard qui a l’art de monter le long des parois.
– Oui, Patrice. C’est très bien. Un alpiniste est comparable à un chrétien et je vais vous dire pourquoi. Voici l’histoire :

Il était une fois deux alpinistes nommés Judas et Jean. Judas était grand, musclé, taillé pour vaincre la montagne, tandis que Jean était petit et plutôt maigre. Judas était aussi orgueilleux que sportif tandis que Jean était humble et doux. Les alpinistes arrivèrent au pied de la montagne : Judas la regardait fièrement comme un challenge supplémentaire, tandis que Jean la contemplait d’un regard émerveillé.
« Je vais te battre comme la dernière fois, lança Judas.
– Je te le souhaite, répliqua humblement Jean.
– Rendez-vous là-haut ! » rétorqua Judas en commençant à grimper.

Judas faisait jouer ses muscles et l’agilité de ses doigts pour escalader la paroi abrupte. Jean, lui, priait. Il priait pour obtenir le courage de gravir la montagne. Il se concentrait sur le sommet en pensant au chemin qui restait à parcourir. Il donnait toute sa confiance à Dieu tandis que Judas ne comptait que sur lui-même.

Judas escaladait la paroi à une vitesse très rapide. Il est évident qu’il voulait arriver le premier afin de mettre en valeur ses qualités d’alpiniste. Il voulait se glorifier, auprès de Jean, de sa victoire personnelle.

Jean escaladait tranquillement en priant. Il dédiait chaque pas accompli à la sainte Vierge Marie, à Jésus-Christ ou à un saint. Il méditait l’Évangile pendant qu’il grimpait. Pour lui, le chemin déjà réalisé n’était rien. Il se focalisait sur le sommet de la montagne mais prenait le temps d’arriver. Ce parcours était un moyen de s’humilier devant la grandeur de la montagne, symbole de l’immensité de la Création. La montagne était la parabole de la foi, son sommet représentant la perfection chrétienne. Pour lui, l’escalade était comparable à une vie : pour atteindre l’excellence de la foi, il fallait s’épurer de ses péchés, s’abaisser pour être élevé. Jean était un véritable chrétien qui avait saisi le message des saintes Évangiles.

Judas, pendant ce temps, montait à un rythme effréné. Il admirait la contraction de ses muscles. Si la montagne était un miroir, il se serait admiré longuement. Il se faisait confiance et c’était, pour lui, le principal : l’autre n’étant que le reflet de la médiocrité. Il voulait la gloire en pensant qu’elle pourrait durer éternellement. Il n’avait pas conscience que ses muscles vieillissaient en même temps que son corps. Il se moquait éperdument des qualités de l’âme et de ses conséquences sur la civilisation. Pour lui, l’homme bon ou mauvais ne changeait rien. Il s’admirait comme s’il s’était l’auteur de sa propre création, l’orgueil de Narcisse n’était rien comparé au sien. Pendant qu’il escaladait, il ne regardait pas vraiment les parois de la montagne puisque celle-ci n’était destinée qu’à assouvir sa propre gloire. Son regard ne voyait que la réussite.

Jean, loin derrière, continuait de monter tranquillement en priant et en faisant confiance à Dieu. Il admirait les parois de la montagne. Il observait chaque fleur, chaque pétale, chaque trace de vie. Il louait le Seigneur pour la beauté du monde. Il grimpait par la force de sa confiance et cherchait à s’améliorer à chaque pas. Pour lui, la victoire ne lui revenait pas : elle appartenait au Créateur de toute chose.

Après plusieurs heures d’escalade, Judas arriva en haut du sommet. Jean termina bien après lui. En haut de la montagne, il y avait un vieil homme habillé de blanc qui était assis et semblait les attendre. Le vieillard dit :
« À votre avis, le vainqueur est-il celui qui arrive le premier ou celui qui cherche à s’améliorer ?
– Le champion est celui qui arrive en tête ! lança Judas.
– Peu importe la victoire, dit Jean, ce qui compte vraiment, c’est l’épuration de son âme.
– En vérité je vous le dis, Jean est le premier et Judas le dernier car celui qui compte uniquement sur ses propres forces ne se soucie pas de ses frères et méprise Son Père. Celui qui ne cherche pas à s’épurer de ses péchés fait le mal par aveuglement et détruit l’ordre naturel : il n’est plus digne d’être le gardien de la terre. Tandis que celui qui prie et cherche à s’améliorer fait la joie de ses frères et le bonheur de Son Père. La récompense appartient aux justes. En vérité, en vérité, je vous le dis, Judas m’a trahi une seconde fois », conclut l’homme avant de disparaître soudainement.

Les enfants écoutaient le père Éric d’un air émerveillé. Son histoire si juste et si belle les édifièrent. Il conclut ainsi l’histoire :
« Les enfants, soyez comparables à Jean, cet alpiniste qui se montre digne de Notre-Seigneur, car, vous l’aurez compris le vieil homme situé en haut de la montagne représente Jésus-Christ au moment de notre mort lorsqu’il effectue notre jugement personnel. La montagne est la parabole de la vie. Les deux alpinistes représentent les hommes : Jean fait partie des justes, dignes fils d’Abel tandis que Judas fait partie des iniques, descendants impies de Caïn. Ceux qui se montrent égoïstes ne cherchent que leur propre profit au mépris de tout ce qui les entoure, tandis que ceux qui se montrent bons sont dignes d’être à la droite du Seigneur. Mes enfants, montrez-vous méritant envers Dieu pendant toute votre vie et vous serez largement récompensés. Nous allons faire une pause de cinq minutes avant de commencer le cours. »

Un silence émerveillé régnait dans la classe. Les enfants méditaient l’histoire du jour. La scolarité dans la Nouvelle France cherchait à édifier les âmes par l’enseignement de la voie droite. »

Stéphane, 15 juin 2017
Blog la France Chrétienne

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Axe de réflexion : la Charité dans la Nouvelle France

La Charité a été si dévoyée que ce terme ne représente pratiquement plus rien pour la plupart des chrétiens occidentaux. Tout au plus se souvient-on qu’il faut tendre la joue, or, il s’agit d’une caricature de la Charité. Alors, qu’est-ce que la Charité chrétienne ? Saint Vincent de Paul en est le plus grand exemple. Voici ce qu’il en dit :

« S’il s’en trouve parmi nous qui pensent qu’ils sont à la Mission pour évangéliser les pauvres et non pour les soulager, pour remédier à leurs besoins spirituels et non aux temporels, je réponds que nous les devons assister et faire assister en toutes les manières, par nous et par autrui. »

La Charité est donc une réponse spirituelle et temporelle (matérielle) qui s’adresse à tous ceux qui sont dans le besoin.

Questions générales

Est-ce que la Charité attend un retour ?
Tout comme le droit a besoin du devoir pour s’équilibrer, la Charité nécessite une implication spirituelle à la réponse temporelle d’un besoin. Concrètement, cela signifie que le don matériel (alimentaire ou autre) implique, de la part de celui qui le reçoit, une volonté de s’instruire à la foi chrétienne. Or, cette pratique n’existe plus dans notre nation. Bien souvent, les associations pratiquent une caricature de la Charité puisqu’elles se bornent à donner un repas sans exiger aucun effort envers ceux qui le reçoivent. Le don qui est effectué de cette manière conforte celui qui le reçoit dans son comportement. Les pauvres en viennent alors à exiger une nourriture de meilleure qualité puisqu’on ne leur demande rien en retour. C’est pourquoi il faut rétablir l’exigence spirituelle dès lors que l’on donne quelque chose. Ce principe est comparable au mécanisme élémentaire de la comptabilité : le crédit implique forcément un débit. Il faut toujours penser à équilibrer nos actions. Étrangement, la finance a conservé le précepte du débit/crédit mais ne l’applique plus au cœur de la civilisation. Il s’agit bien évidemment d’un archétype typiquement antichrist.

Qu’est-ce qu’implique la disparition de la vraie Charité ?
Les ennemis du Christ caricaturent la Charité pour pouvoir créer leur nouveau monde dystopique tant attendu : il s’agit du règne de la bête, de l’antéchrist dans toute son horreur. Le péché, ennemi de la Vertu, est indispensable aux ennemis du Christ puisqu’ils veulent construire un monde nouveau basé sur l’orgueil, le mensonge, la cupidité, la luxure et une hypothétique éternité. Le règne de Satan est l’antonyme du règne de Christ, tout comme la nuit précède le jour, le soleil finit par éclairer l’humanité de ses rayons si chauds et si nécessaires à la vie. Le froid ne peut pas cohabiter avec le chaud : le glaçon fond lorsqu’il est soumis à la chaleur et l’eau se fige lorsqu’elle est soumise au gel. Toutefois ces concepts dualistes ne peuvent pas être appliqués à la spiritualité sinon on tombe inévitablement dans le manichéisme, source de toute erreur. La Trinité permet justement d’éviter de tomber dans l’hérésie : elle nous invite à ne pas succomber à la tentation manichéenne mais à conserver la foi, l’espérance et la charité, symboles qui nous appellent à la méditation trinitaire.

Questions pragmatiques

Comment pratiquer la Charité au sein de la Nouvelle France ?
Il faudra se baser sur les œuvres de saint Vincent de Paul et sur l’héritage monastique pour créer des établissements charitables dédiés au salut de l’enfance, de la vieillesse, des malades, des orphelins et de la pauvreté en général. Leur financement sera soit basé sur le don, le troc ou la bonne volonté des personnes riches. La richesse devra être de nouveau au service de la pauvreté : le riche ne doit pas être exonéré du don, son argent doit servir une cause publique et non pas individuelle. Le capitalisme est une doctrine au service de l’égoïsme et de l’orgueil portés à leur paroxysme. Il faut faire tomber de leur piédestal ces millionnaires et milliardaires qui se prennent pour des pharaons afin de leur faire prendre conscience de leur fragilité. Ils sont également soumis aux lois universelles de la vie et de la mort : nul homme ne peut s’en émanciper, même avec l’aide de la technologie. Ils doivent donc apprendre à servir le peuple. Le riche doit être un ministre de Dieu, un homme au service des autres et non pas un tyran orgueilleux. Le capitalisme profite de toutes ces incohérences pour survivre.

La Charité doit donc se substituer aux intérêts financiers ?
Absolument. Sans cela, les erreurs actuelles perdureraient. Il faut donc rétablir la Charité chrétienne comme principale vertu. Pour cela, il faudra enseigner dès l’enfance les qualités de la Charité et les graves conséquences du péché. L’avidité entraîne la soif de profit, l’orgueil entraîne l’adoration blasphématoire d’hommes et de femmes, le mensonge permet de valider toutes ces hérésies et, par conséquent, de maintenir le système en place. La morale chrétienne permet de rétablir la vérité des commandements de Jésus-Christ en donnant la possibilité aux catéchisés de prendre conscience des graves conséquences du péché : le capitalisme en est certainement le pire exemple. L’usure doit donc être sévèrement sanctionnée.

Quelle sera la place de la finance dans la Nouvelle France ?
Les banques et autres organismes financiers disparaîtront naturellement. Le gouvernement très-chrétien gérera les ressources financières selon les commandements de Jésus-Christ afin de distribuer les ressources selon les besoins de chacun. Toutefois cela n’a rien à voir avec le communisme puisque le Christianisme reconnaît le droit de propriété. Il faut qu’il y ait des riches et des moins riches afin que le système puisse fonctionner intelligemment. Toutefois, il faut ordonner aux riches de mettre leur fortune matérielle au service des pauvres et, en retour, aux pauvres de se mettre aimablement au service des hommes plus fortunés. Cela ne signifie pas que les pauvres doivent être des esclaves. Bien au contraire, les pauvres, dans leur égalité humaine, deviendraient des hommes de bonne volonté qui épauleraient les personnes possédant un gros patrimoine. Tout doit se faire dans la bonne intelligence afin de tendre vers l’harmonie chrétienne.

Est-ce que le Christianisme est une utopie ?
Non ! Bien au contraire puisque le Christianisme invite à la transcendance. Il élève les âmes afin d’extraire le meilleur de l’être humain. Le Christianisme est exigeant envers l’homme et intransigeant envers le péché, non pas pour tyranniser mais pour faire prendre conscience aux hommes que c’est la volonté de se perfectionner qui permet d’améliorer le monde. L’homme, depuis le péché originel, est trop enclin à la facilité et aux mauvais comportements. Le Christianisme est un tuteur d’hommes dans la mesure où l’arbre est la parabole de l’être humain. Des règles strictes poussent les hommes à se surpasser tandis que des règles molles engendrent le chaos, la guerre et le malheur.

Stéphane, 5 juin 2017
Blog la France Chrétienne

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