La disparition de la belle France de Louis IX (1214-1270)

Chers amis,

En cette funeste année 2023, que reste-t-il de la belle France de Louis IX ?

753 années, soit environ 30 générations, nous séparent de cette France depuis le décès de saint Louis le 25 août 1270 à Tunis.

Comment faire pour prendre conscience de l’état moral et religieux de la France au temps de Louis IX ? Il est nécessaire d’étudier la vie de saint Louis pour mieux appréhender cette France que nous n’avons pas pu connaître autrement que par l’Histoire.

Vous trouverez à la fin de cet article plusieurs gravures et extraits d’articles permettant de mieux connaître le bon roi saint Louis.

Pour revenir à notre propos, comment est-ce que la France a pu perdre sa catholicité en seulement 30 générations ? Essayons d’examiner d’un point de vue historique et mathématiques la perte progressive de la foi catholique depuis la mort de saint Louis.

En nous basant sur l’Histoire de France, nous pouvons retracer avec une certaine fidélité la perte progressive de l’authentique foi catholique.

Faits marquantsNbre d’années depuis la mort de saint LouisNbre de générations d’une durée de 25 ans chacune
1337-1453 Guerre de Cent Ans67 années – 183 années02 générations – 07 générations
1494-1559 Guerres d’Italie224 a. – 289 a.09 g. – 11 g.
1562-1598 Guerres de Religion292 a. – 328 a.11 g. – 13 g.
1618-1648 Guerre de Trente Ans348 a. – 378 a.13 g. – 15 g.
1643-1715 Règne de Louis XIV373 a. – 445 a.14 g. – 17g.
1789-1799 Révolution française519 a. – 529 a.20 g. – 21 g.
1791-1792 Monarchie constitutionnelle521 a. – 522 a.20 g. – 20 g.
1792-1804 Ière République522 a. – 534 a.20 g. – 21 g.
1804-1815 Ier Empire534 a. – 545 a.21 g. – 21 g.
1814-1830 Restauration monarchique544 a. – 560 a.21 g. – 22 g.
1830-1848 Monarchie de Juillet560 a. – 578 a.22 g. – 23 g.
1848-1852 IIe République578 a. – 582 a.23 g. – 23 g.
1852-1870 IId Empire582 a. – 600 a.23 g. – 24 g.
1870-1871 Guerre franco-allemande600 a. – 601 a.24 g. – 24 g.
1870-1940 IIIe République600 a. – 670 a.24 g. – 26 g.
1878-1919 Expansion coloniale600 a. – 649 a.24 g. – 25 g.
1914-1918 Première Guerre mondiale644 a. – 648 a.25 g. – 25 g.
1939-1945 Seconde Guerre mondiale669 a. – 675 a.26 g. – 27 g.
1946-1958 IVe République676 a. – 688 a.27 g. – 27 g.
1946-1980 Décolonisation676 a. – 710 a.27 g. – 28 g.
1958 Ve République688 a.27 g.
1969-1974 Georges Pompidou699 a. – 704 a.27 g. – 28 g.
1974-1981 Valéry Giscard d’Estaing704 a. – 711 a.28 g. – 28 g.
1981-1995 François Mitterrand711 a. – 725 a.28 g. – 29 g.
1995-2007 Jacques Chirac725 a. – 737 a.29 g. – 29 g.
2007-2012 Nicolas Sarkozy737 a. – 742 a.29 g. – 29 g.
2012-2017 François Hollande742 a. – 747 a.29 g. – 29 g.
2017-(2023) Emmanuel M.747 a. – 753 a.29 g. – 30 g.

Ce tableau permet de constater quelques phénomènes marquants aux 10e, 20e, 25e, 29e et 30e générations après le décès de saint Louis :

– 10e génération : Les guerres d’Italie ont propagé le modèle Italien de la Renaissance dans l’ensemble de l’Europe

– 20e génération : La Révolution française anéantit la royauté en France et instaure la république

– 25e génération : La première Guerre Mondiale redessine au niveau mondial la carte des pays, donne naissance à l’instauration d’organisations internationales

– 29e génération : Sous le règne de Jacques Chirac, l’Internet prend son essor et marque le développement fulgurant des Nouvelles Technologies.

– 30e génération : Le règne d’Emmanuel M. marque le net déclin de la France. Notamment, la foi catholique s’étiole davantage et un esprit anti-christique règne. La France des années 2020 n’a plus aucun point en commun avec celle de saint Louis.

Les évènements marquants tendent à s’accélérer depuis la 25e génération suivant le décès de saint Louis IX. Depuis 1914, soit une période de 109 ans ou 4 générations, la détérioration de la foi catholique semble concorder avec l’essor technologique. On peut supposer que la technologie s’oppose fondamentalement à la foi. La numérisation de la société, depuis les années 2000, annonce la corruption des nouvelles générations. Les réseaux sociaux semblent nuire aux jeunes générations et conduire à la déstabilisation globale de la civilisation.

Les évènements marquants se propagent à la vitesse de la lumière à l’aide de la fibre optique pour se répandre sur les écrans, ce qui pourrait mener, à plus ou moins court terme, à une gigantesque guerre civile à travers le monde. D’autant plus que les guerres d’Ukraine et d’Israël semblent annoncer le début de grands fléaux. L’époque est réellement troublée avec la survenue d’évènements climatiques anormaux, des séismes à répétition sur l’ensemble de la planète et de plus en plus de bruits de guerre.

Si l’époque de saint Louis annonçait l’apogée de la religion en France, l’avancée du progrès a réellement sonné son déclin. Notre époque si athée et matérialiste annonce un renouveau spirituel mensonger qui pourrait très certainement être marqué par l’apparition de l’Antéchrist à plus ou moins brève échéance. Si l’on observe la fresque ci-dessus, on peut craindre la survenue de graves évènements avant la fin du mois d’août 2024 selon des calculs hypothétiques basés sur le couple rythme/coefficient des évènements.

Explications : la progression des évènements graves s’accélèrent selon un rythme de plus en plus rapide. Par exemple, depuis l’élection d’Emmanuel M., la guerre entre le Hamas et Israël a été déclarée le 7 octobre 2023. Le dernier fait réellement marquant est l’apparition de l’Internet aux alentours de 1995 peu après l’élection de Jacques Chirac.

En calculant la différence de temps depuis le 7 octobre 2023, calcul s’appuyant sur un coefficient du rythme séparant les évènements, on tombe à 0,891 années, soit 10 mois et 20 jours avant la survenue d’un prochain évènement dramatique. Bien sûr, ce ne sont que des probabilités et en aucun cas une prophétie.

Date25 août2 septembre5 mai28 juin17 mai14 mai7 octobre27 août
Année12701494178919141995201720232024
Différence022429512584,41522,6426,8560,891
Rythme
0,7612,3521,5433,6253,2767,695
Coefficient


3,0910,4987,2640,45117,061

Ce que je souhaite démontrer avec ce tableau, c’est que le progrès technologique contribue à faire s’accélérer les évènements dramatiques. La civilisation était autrefois baignée au rythme de la nature. Plus les siècles ont passé, plus la civilisation a voulu s’émanciper de sa condition humaine en essayant de faire progresser la technologie. Cet orgueil condamne l’humanité selon le rythme du développement du numérique.

Carte de l’expédition militaire de saint Louis

Gravure de saint Louis à l’âge de 13 ans en 1226

Gravure de saint Louis réalisée en 1679 par Nicolas de Larmessin

Gravure de Louis IX réalisée par Charles Paul Dufresne, carte « premier jour » datant de 1954

Extrait de l’ancien manuscrit sur la Vie de saint Louis attribué à Guillaume de Nangis, moine bénédictin de l’abbaye Saint-Denis, mort en 1300.

« Le roi Louis voyant que l’étude des lettres de la philosophie, par quoi on acquiert le trésor de la science qui l’emporte sur tous les autres [trésor qui était venu d’abord d’Athènes à Rome, puis de Rome en Gaule, sous le nom de chevalerie, à la suite de Denys l’Aréopagite] avait quitté Paris, en fut profondément désolé. Et le roi très pieux craignant qu’un si grand et si bon trésor ne s’éloigne de son royaume, parce que la sagesse et la science sont les richesses du salut, et parce qu’il ne voulait pas que Dieu puisse lui dire un jour : « Tu as repoussé la science, je te repousserai », il ordonna aux clercs susdits de revenir à Paris, les accueillit avec une extrême clémence à leur retour et les fit rapidement indemniser par les bourgeois qui avaient commis des forfaits à leur encontre »

Autre extrait additionné à l’ancien manuscrit sur la Vie de saint Louis attribué, cette fois-ci sans certitude, à Guillaume de Nangis.

« En effet, si le trésor si précieux de la sagesse salvatrice avait été enlevé au royaume de France, l’emblème fleurdelysé des rois de France en resterait étrangement abîmé. Car, comme Dieu et notre Seigneur Jésus-Christ a voulu orner le royaume de France plus particulièrement que tous les autres royaumes par la foi, la sagesse et la chevalerie, les rois de France ont traditionnellement fait peindre sur leurs armes et leurs drapeaux une fleur de lys trifoliée, comme s’ils voulaient dire à l’univers: la foi, la sagesse et la prouesse chevaleresque servent, de par la providence et la grâce de Dieu, notre royaume plus abondamment que tous les autres. Ces deux feuilles semblables signifient, en effet, la sagesse et la chevalerie qui gardent et défendent la troisième feuille placée plus haut entre elles qui signifie la foi. Car la foi est gouvernée et régie par la sagesse et défendue par la chevalerie. Aussi longtemps que ces trois vertus seront bien liées entre elles (sibi invicem cohaerentia) dans le royaume de France dans la paix, la force et l’ordre (pacifice, fortiter et ordinatim) le royaume sera solidement debout (stabit). Si elles en étaient séparées, ou lui étaient arrachées, tout le royaume divisé contre lui-même serait désolé et s’effondrerait. »

Autre extrait de l’ancien manuscrit sur la Vie de saint Louis attribué à Guillaume de Nangis.

« Les barons et les chevaliers et tous les autres, grands et petits, qui virent, connurent et entendirent la sagesse divine qui était et régnait dans les faits et actes du roi Louis, quand il rendait une droite justice, le craignirent et honorèrent de plus en plus de jour en jour, parce qu’ils voyaient et savaient qu’il était saint homme et prud’homme ; il n’y eut plus désormais personne qui osa aller contre lui dans son royaume et, si quelqu’un se rebella, il fut aussitôt humilié point. La paix qu’il a imposée en France et à l’étranger (c’est la période de Louis l’apaiseur), Dieu l’a fait durer pendant le règne de son fils Philippe (III) à cause des mérites du père. Aussi le trône du royaume de France au temps du roi Louis resplendissait comme le soleil qui répand les rayons de sa lumière partout, en comparaison avec tous les autres royaumes. »

Traduction française reprise à Jacques LE GOFF, Héros du Moyen-âge, le Saint et le Roi. Paris, Gallimard, 2004, p. 485.

« Le roi Louis de France, celui qui règne actuellement, dit un jour une excellente parole, laquelle fut répétée par un religieux qui se trouvait là et qui l’entendit de sa bouche. Un matin, alors que ce prince était encore tout jeune, une quantité de pauvres était rassemblée dans la cour de son palais et attendait l’aumône. Profitant de l’heure où chacun dormait encore, il sortit de sa chambre, seul avec un serviteur chargé d’une grosse somme en deniers et sous le costume d’un écuyer; puis il se mit à distribuer le tout de sa propre main, donnant plus largement à ceux qui lui semblaient les plus misérables. Cela fait, il se retirait dans son appartement, lorsqu’un religieux, qui avait aperçu la scène de l’embrasure d’une fenêtre, où il s’entretenait avec la mère du roi, se porta à sa rencontre et lui dit: « Seigneur, j’ai parfaitement vu vos méfaits. – Mon très cher frère, répondit le prince tout confus, ces gens-là sont mes soudoyers [salariés], ils combattent pour moi contre mes adversaires et maintiennent le royaume en paix. Je ne leur ai pas encore payé toute la solde qui leur est due » ».

Voici un exemplum commenté par Jacques Le Goff (p. 367-369), issu du traité d’Etienne de Bourbon.

« Le roi de France était malade jusqu’à la mort, désespéré des médecins. Il se fit coucher sur la cendre, appela tous ceux qui se trouvaient là, et leur dit: « Voyez ! Moi qui étais le plus riche et le plus noble seigneur de l’univers, moi qui étais plus puissant que tous les autres hommes, qui les dominais par le rang, par la fortune, par le nombre de mes amis, je ne puis même pas extorquer de la mort le moindre délai ni de la maladie une seule heure de répit ! Que valent donc toutes ces choses ? » En l’entendant parler ainsi, les assistants sanglotaient. Mais, contre toute attente, le Seigneur le guérit au moment où on le croyait déjà mort. Il se releva, rendit grâce à Dieu, et c’est à la suite de cela qu’il prit la croix. »

Dans « Saint Louis et la parole royale» (LE GOFF 1988, p. 132-133), publié en 1988, Jacques Le Goff montre que le futur saint Louis racontait lui-même des exempla pour exhorter ses proches à la vertu ou faire passer un message de doctrine chrétienne.

« La parole de saint Louis est donc morale et enseignante, en ce siècle didactique et moralisateur. Elle est prêcheuse, en ce siècle de la prédication, et dans la bouche d’un roi entouré de prédicateurs, Dominicains et Franciscains surtout. Elle prêche par exempla, en ce siècle où l’exemplum, anecdote enchâssée dans les sermons,

pullule. Elle est dévote à la nouvelle mode, s’exprimant dans la prière et encore plus dans la confession. Elle est justicière, le roi exerçant lui-même par la parole le plus haut devoir royal, rendre la justice, ou le déléguant à des représentants bien formés et surveillés. Elle est aussi — la paix étant avec la justice l’autre grand idéal royal — apaisante, s’exprimant dans les arbitrages rendus par le roi. Elle est modérée, comme il est normal chez un roi épris de la mesure, qui voulait remplacer l’idéal de démesure du preux par celui de modération du prudhomme. Mais elle est aussi répression de la parole mauvaise, du juron, du blasphème.

La parole royale à l’état direct s’exerce essentiellement à l’intérieur d’un petit groupe de familiers, d’interlocuteurs habituels du roi, invités par le roi à lui répondre, mais où le roi a l’initiative de la parole. Ce groupe dont la conversation royale est à la fois le centre, le lieu et la fonction, joue dans le gouvernement du royaume au temps de saint Louis un rôle trop négligé par les historiens. Il est distinct de la curia, organe féodal des conseillers du roi. Il est à cheval sur l’espace intime du roi et son espace public. (p. 131)

[…]

Joinville n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il rapporte cette parole royale comme s’adressant à lui exclusivement en une sorte d’aparté. Ainsi: «Il m’appela une fois et me dit: « Je n’ose vous parler, subtil de sens comme vous êtes, de chose qui touche à Dieu, et pour cela j’ai appelé ces deux frères-ci, car je veux vous faire une demande. » La demande fut telle : « Sénéchal, fit-il, qu’est-ce que Dieu ? » Et je lui dis: « Sire, c’est si bonne chose que meilleure ne peut être. » « Vraiment, fit-il, c’est bien répondu car la réponse que vous avez faite est dans ce livre que je tiens à la main. »

« Or je vous demande, fit-il, ce que vous aimeriez mieux, être lépreux ou avoir fait un péché mortel ? » Et moi, qui ne lui mentis jamais, je lui répondis que j’aimerais mieux en avoir fait trente qu’être lépreux. Quand les frères furent partis, il m’appela tout seul, me fit asseoir à ses pieds et me dit: « Comment me dites-vous hier cela ? » Et je lui dis que je le disais encore. Et il me dit : « Vous parlâtes comme hâtif musard (étourdi qui parle sans réfléchir) » », etc.

Un groupe d’une parole encore plus intime est celle des enfants du roi: « Avant qu’il se couchât en son lit, il faisait venir ses enfants devant lui et leur rapportait les faits des bons rois et des bons empereurs, et leur disait qu’ils devaient prendre exemple sur de telles gens. »

Cette parole est didactique, morale. Le mot qui vient à l’esprit de Joinville c’est celui d’enseigner, enseignement. Le roi a une parole proche de celle de ces Frères Mendiants dont il s’entoure, enseignante et prêchante. Je ne crois pas qu’il ait jamais sérieusement songé, quoi qu’en dise son confesseur, Geoffroy de Beaulieu, à se faire lui-même Dominicain ou Franciscain. Mais, dans le domaine de la parole rendue justement plus proche, plus simple par les frères Mendiants, il s’avance aussi loin qu’un laïc peut le faire. »

Dieu vous bénisse en ces temps dramatiques,

Stéphane

15 octobre 2023

Lien vers le fichier PDF : https://lafrancechretienne.files.wordpress.com/2023/10/la_disparition_de_la_belle_france_de_louis_ix_v01.pdf

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