Chers amis,
Voici le sixième épisode du feuilleton « le roi du Sacré-Cœur face à la dictature du nouvel ordre mondial ».
« Je dois admettre que vos arguments sont raisonnables cette fois-ci. Mais vous semblez ne pas considérer l’économie comme une priorité. J’ai bien peur que votre projet ne tombe à l’eau si vous tenez seulement compte des saints et laissez de côté les réalités de ce bas monde », lança Pierre en fermant les poings.
— Vous vous trompez cher ami. Il est tout à fait possible de concilier sainteté et économie. Pour vivre dans une société rustique, les hommes doivent travailler et produire des marchandises utiles à la civilisation. Prenez l’exemple des pères qui œuvrent dans les monastères pour produire de la bière, des fromages et toutes sortes de délicieux mets. Le monastère met en vente les produits. L’argent récolté permet au monastère de réinvestir dans du matériel et à la communauté de vivre dignement sans toutefois se focaliser sur les bénéfices. La qualité des denrées produites donne à l’ouvrier l’envie de travailler pour le bien commun. En cela il bénit le Seigneur. Un salaire donne le logis et le couvert. Une vie simple dans une saine civilisation procure beaucoup plus de joie qu’un gros salaire gagné dans une société dominée par le stress et l’agitation. Les conditions de vie d’un moine brasseur sont certainement meilleures qu’un directeur qui doit répercuter la pression de sa hiérarchie sur ses subalternes. Ce que je veux vous dire, c’est que l’économie doit être basée sur le réel, comme autrefois. Ainsi, il faut évaluer la valeur d’une denrée et faire payer le juste prix. Les théories économiques peuvent être réutilisées, mais, pour cela, il est nécessaire d’expurger tout ce qui n’est pas conforme à la foi catholique. Je n’ai pas d’exemple à vous donner, car, je ne suis pas un expert en ce domaine, mais, je connais la base des théories économiques pour les avoir étudiées. Il existera toujours de bons experts qui se réjouiraient à l’idée de pouvoir contribuer à une meilleure civilisation. N’oublions pas que tout doit être basé sur la fidélité aux commandements de Dieu. Sans cela, toute civilisation est vouée à la mort », énonça Henri en écoutant le vent.
— À vous entendre parler, j’ai l’impression que vous vous considérez comme un roi de France, lança Pierre sur un ton irrité.
— Je ne fais que réfléchir à une meilleure civilisation dominée par la foi catholique. Sachez que Dieu seul sait qui est le roi car selon les prophéties le retour de Jésus-Christ doit se faire tout de suite après l’apparition de l’antéchrist. Cet homme pervers imitera le Christ et voudra se faire comparable à Notre Seigneur. Dès l’enfance, il montrera des signes d’abomination et fera de faux prodiges. En attendant cette terrible époque, il est prophétisé que le lieutenant du Christ sera désigné au Pré Carré de Sainte-Anne d’Auray, lieu béni et consacré aux deux Cœurs Unis de Jésus et de Marie par l’évêque de Vannes. Donc, celui qui s’autoproclame roi est forcément un imposteur puisque seul le Seigneur désignera son véritable serviteur, dit Henri en désignant la première station du Christ de Valfleury.
— Je ne comprends pas pourquoi vous vous acharnez à réfléchir à cette civilisation si vous même ne savez pas si vous serez roi, s’exclama Pierre.
— Nous devons participer à la cité de Dieu en y mettant notre cœur et nos dons. Ainsi, j’espère participer spirituellement à cette nouvelle France que je ne verrai peut-être pas de mon vivant. Le démon veut régner par le haut en imposant au monde sa tyrannie. Eh bien, à mon humble avis, le Seigneur demanderait à son lieutenant de régner par le bas. En ce sens, le roi pourrait organiser à la perfection un modèle de village catholique et propager ensuite ce modèle à la nation. Il se déplacerait dans toute la France pour rencontrer les habitants et leur prodiguer de saints conseils temporels. Ce pèlerinage national lui permettrait d’élire sept ministres. Ces hommes seraient aguerris, robustes et saints pour l’aider à gouverner le royaume du Sacré-Cœur. Je suis certain qu’une loi interdisant les armes serait promulguée sous son règne afin que la paix règne véritablement. Ce sont ses décrets, sa réforme de la nation qui feraient de lui un homme dur envers les mauvais et bons envers les doux parce que le glaive de Dieu est à deux tranchants. C’est de sa bouche et de sa plume, à la manière de saint Augustin, que sortiraient les nouveaux codes de loi abolissant la république et réformant en profondeur la monarchie. Ce serait, en ce sens, le dernier grand roi à venir sur terre avant l’arrivée de l’antéchrist et de ses armées diaboliques. L’antéchrist remettrait en route tout ce que ce roi aurait arrêté. Ainsi, l’iniquité qui existait avant le règne du roi serait remise en service. La corruption redeviendrait la principale loi sous sa tyrannie infernale. Ce serait alors la preuve que le démon a envoyé son fils corrupteur pour arracher l’œuvre de saint Michel, expliqua Henri en faisant le signe de croix.
— Qu’est-ce que vient faire là saint Michel ? s’écria Pierre qui faillit s’étouffer.
— Saint Michel est le protecteur des nations et le rempart contre le mal. On peut voir une parabole de cet ange dans l’incarnation de ce roi. Par ses écrits, le roi du Sacré-Cœur rappellerait à tout un chacun que personne ne peut égaler Dieu. On pourrait donc lire en filigrane dans ses écrits « qui est comme Dieu ? », dit Henri.
— Cette explication est vraiment alambiquée, s’étouffa Pierre.
— Oui, je comprends votre point de vue mais ceux qui auront la chance de connaître cette sainte époque comprendront certainement ce que j’ai voulu dire, répondit calmement Henri.
— Vos propos sont étranges et dérangeants l’ami, dit Pierre en se tapant le front.
— Ne prenez pas pour argent comptant ce que je vous dis. Seul Dieu nous révélera la vérité en temps voulu. Dans tous les cas, il est évident que la civilisation actuelle va à la destruction. Si l’antéchrist est un système, et il est effectivement un système, il devrait également s’incarner dans un homme pour parachever les écritures. Il faut que le démon se montre physiquement et règne pendant trois temps et demi jusqu’à ce qu’il soit détruit par le souffle du Seigneur. Et là, Jésus-Christ reviendra du Ciel pour proclamer le Jugement Dernier, répondit Henri.
— J’en ai assez entendu pour ce soir » dit Pierre.
Le vent soufflait tandis que la pénombre s’installait sur Valfleury. Tandis que Pierre se retournait en direction d’Henri, le banc de pierre était vide. À sa place se trouvait une petite médaille de saint Michel. Saisis de stupeur, Pierre pris l’objet et l’étudia dans la pénombre. La phrase « Quis ut Deus » était inscrite au dos du bijou. Pierre s’agenouilla aussitôt et fit le signe de croix. Il se demandait s’il était devenu fou ou s’il avait réellement rencontré Henri.
Pierre se leva. Il descendit le chemin de Croix et remonta en direction de la Basilique. Il marcha jusqu’au parking pour récupérer sa voiture. Tandis qu’il alluma le moteur, il entendit en son for intérieur une voix qui lui dit « n’aie pas peur Pierre. Ta petite nièce Caroline se convertira au catholicisme et aura des enfants. Sa vie sera heureuse dans un temps bénit. Elle et ses enfants connaîtront celui qui régnera sur la France. Tu seras un bon ministre et assisteras au Concile qui réformera ma Sainte Église. Va en Paix. »
Il démarra tandis que des larmes de joie coulaient sur ses joues. Il remercia le Seigneur et rentra chez lui. Cher ami lecteur, conservez précieusement les vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité. Dieu vous bénisse en ces temps troublés !
FIN
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La France Chrétienne et son histoire 